The strANGE

                                  Pour la plupart des Anciens ( Egyptiens, Grecs, Romains, Indiens, Scandinaves, ou Celtes ), la nature divine de l'abeille ne faisait aucun doute. Plusieurs raisons expliquent son caractère sacré: l'organisation de la ruche ainsi que son caractère laborieux qui semblait prouver une intelligence supérieure. Sans oublier le miel, qui constituait, avant l'utilisation du sucre de canne et de betterave, la source unique et abondante de substances sucrées. Considéré comme un don céleste, le miel servait en outre à fabriquer les breuvages d'immortalité.

                                  L'abeille était non seulement un symbole de sagesse et de clairvoyance. Les prêtresses d'Eleusis ( en Grèce ) ainsi que celles d'Ephèse ( en Asie Mineure ) s'appelaint d'ailleurs " abeilles ". Mais aussi, étant de la classe des insectes ailés et de son rôle de messagère des dieux, elle était un symbole de l'âme immortelle et de résurrection: pour Virgile, l'abeille, qui est une partie de l'esprit de Dieu, ne peut mourir, et c'est la seule de tout le monde animal à monter au ciel vivante, tandis que selon Platon, les âmes des hommes sobres se réincarnent en mouches à miel.

                                  Dans de nombreuses traditions africaines et asiatiques ( surtout au Cachemire, au Bengale et en Sibérie ), ainsi que chez les indiens d'Amérique du Sud, l'abeille représente souvent l'âme qui s'échappe du corps. Elle peut aussi, en Europe, figurer comme une âme qui va voir le jour dans l'année.

                                  L'abeille, vénérée dans les pays musulmans, fut également un symbole solaire chez les Egyptiens qui la faisaient naître des larmes de Rê, et l'emblême de la royauté chez les Chaldéens, avant de devenir, des siècles après celui de l'Empire de Napoléon 1er.

                                  Dans la tradition chrétienne, l'abeille est l'emblème du Christ. D'une part parce qu'on a associé les trois mois d'hiver pendant lesquels elle reste dans sa ruche aux trois jours où " le corps du Christ est invisible après sa mort, avant d'apparaître de nouveau ressuscité ". D'autre part à cause de son miel et de son dard, le miel apparaissant comme le symbole de la douceur et de la miséricorde du Sauveur, le dard comme " l'exercice de sa justice, en tant que Christ-juge ".

Petite anecdote: bien qu'associée à la religion, on dit que les mouches à miel répugnent à s'établir en Irlande et " même sur un lopin de terre qu'on aurait fait venir de là-bas ".

Selon une légende du Morbihan " les abeilles sont nées des larmes que Jésus versa sur la croix; pas une ne tomba à terre, mais toutes s'envolèrent, pour porter, quelque douceur aux hommes ".

Un récit de la même région raconte qu'un jour le diable vit Jésus créer différentes sortes de mouches et que celui-ci lui lança le défi d'en produire d'aussi belles. Le diable fit alors la guêpe mais Jésus conçut aussitôt l'abeille qui fut considérée comme supérieure.

En Bretagne, tuer une mouche à miel porte malheur, cela peut même entrainer la mort de l'auteur de ce sacrilège. Ce qui n'empêche pas la croyance de dire qu'une abeille tuée le 1er mai et conservée sur soi attire l'argent.

En Europe comme aux Etats-Unis, on croit qu'une file vierge peut traverser sans danger un essaim, pour les Hongrois, c'était presque devenu un test que l'on faisait passer à une jeune fille pour être convaincu de sa virginité!