The strANGE

The strANGE

Le chat

" Je suis le diable. Le diable.

Personne n'en doit douter.

Il n'y a qu'à me voir, d'ailleurs. Regardez-moi, si vous l'osez!

Noir, d'un noir roussi par les feux de la géhenne.

Les yeux verts poison, veinés de brun, comme la fleur de la jusquiame.

J'ai des cornes de poils blancs, raides, qui fusent hors de mes oreilles, et des griffes, des griffes, des griffes.

Combien de griffes. Je ne sais pas. Cent mille, peut être.

J'ai une queue plantée de travers, maigre, mobile,impérieuse, expressive,

- Pour tout dire , diabolique "

(Colette, La Paix chez les bêtes,1965)


 Adoré par les anciens puis objet de haîne au Moyen-âge, le chat, qui n'a laissé aucune grande civilisation indifférente, occupe une place dans les superstitions. Les présages funestes qui lui sont attachés, notamment en France, ont la vie dure: aujourd'hui encore, cet animal suscite parfois  une répulsion, sans parler de la crainte du matou noir, diabolique par excellence, et symbole des ténèbres et de la mort.

Pourtant il n'en a pas toujours été ainsi: le chat, l'emblème de la fécondité, fut particulièrement vénéré par les anciens Egyptiens, comme en témoigne un hymne inscrit sur une colonne du IVième siécle avant notre ère et addressé à Râ d'Héliopolis: " Ô chat sacré! Ta tête est la tête du dieu du Soleil. Ton nez est le nez de Thot, du seigneur trois fois grand d'Hermopolis. Tes oreilles sont celles d'Osiris qui entend la voix de tous ceux qui l'invoquent. Ta bouche est la bouche du dieu Atmou, le seigneur de la Vie, qui t'as préservé de toute souillure. Ton coeur est le coeur de Phtah "

Associé à Isis, Mère universelle, à Nout, déesse du Ciel surnommée "chatte sacrée", le chat dont l'espèce mâle était assimilée au Soleil et la femelle à la Lune, veillait, sous la forme de la déesse Pasht (à tête de chat) , au royaume de la nuit et des morts: " De nombreuses oeuvres d'art le représentent , un couteau dans une patte, tranchant la tête du serpent Apophis, le Dragon des Ténèbres, qui personnifie les ennemis du Soleil et qui s'efforce de faire chavirer la barque sacrée au cours de sa traversée du monde souterrain ".

Des chats, considérés comme de véritables dieux vivants, vivaient dans la cour du temple de la déesse bienfaitrice et protectrice , Bastet, femme à tête de chat, honorée à Bubastis. Les enfants de cette ville portaient autour du cou un médaillon représentant une tête de chat , qui les mettaient à l'abri de tous les maux. On a retrouvé près du temple, une nécropole de chats comptant des dizaines de milliers de momies: entre Le Caire et Louxor, on a découvert un autre cimetière de chats comptant trois cent mille momies.

Dans toute l'Egypte, quand le chat de la famille mourait, la famille prenait le deuil (en se rasant notamment les sourcils ou la tête) et, qu'elle fût riche ou non, l'embaumait en l'enveloppant dans des linges fins avant de le placer dans des sarcophages en matériaux précieux tels que le bronze ou même le bois (très râre dans ce pays désertique).

Les Egyptiens, qui avaient en outre une crainte quasi sacrée des chats ayant les yeux verts, interdisaient l'exportation du félin et considéraient comme un crime inexpiable le fait d'en tuer un.



24/10/2008
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